Actualités

L'actualité LaSécu

Philippe Hollevout, l'art modeste

Presse le 11.01.2018,
Philippe Hollevout, l'art modeste



Aux arts citoyens ! 

Philippe Hollevout, l’art modeste
Sous ses apparences naïves et figuratives, les tableaux de Philippe Hollevout recèlent bien des trésors. La poésie des choses simples.

Les lecteurs de LibertО Hebdo connaissent PhilippeHollevout pour son « Trait libre », publié chaque semaine en dernière page. Mais tous ne connaissent pas l’étendue de ses talents. Comme Magritte dont il aimerait qu’on le reconnaisse un jour non seulement comme un peintre mais comme « un faiseur d’image », Hollevout met sa technique au service d’une oeuvre aux formes multiples. Plasticien, chanteur, peintre, guitariste, il est aussi à l’aise au pinceau que le doigt sur le smartphone. « Je chante tout le temps. Je peins comme je chante. Je suis peintre du matin au soir », explique-t-il. L’exposition que lui consacre Lasécu, à Lille, permet de s’en faire un aperçu.
Des vidéos, petits tableaux ou oeuvres en relief, c’est une tendre douceur qui, d'une façon générale, émane des images d’Hollevout ; la même douceur que dans ses dessins de presse. Il n'est pas homme qui vocifère, Hollevout, qui fait hurler les couleurs ou les paroles, qui rentre dans le lard, qui crache sa haine. A première vue, ses compositions, les traits soignés comme une ligne claire, ont l’air d’une balade tranquille. Les gamins, d’ailleurs, entrent facilement dans ces histoires au « style trés réaliste, qui évoquent des choses immédiatement interprétables », rapporte Philippe Hollevout.
Puis l’oeil accroche ce détail qui cloche, cet accessoire incongru, cette posture qui ouvre la perspective d’une autre lecture. Voyez ces jolies petites fleurs, dont on s’aperçoit qu’elles sont plantées dans un bidon d’eau de javel, cet homme en costume froissé, tel un cadre apparemment épuisé, assis sur un mini-îlot les pieds dans l'eau (Les pieds dans l'eau), cette fillette qui s'enfonce dans la forêt tenant une cage dont on suppose qu'elle renferme un chat qu'elle va peut-être libérer (Zélie), ce malheureux Tarzan anéanti au pied de son arbre emprisonné sous un globe de verre (Tarzan). Et comment ne pas être interloqué par le petit Lulu et sa maman pique-niquant tranquillement à côté d’une voiture en feu (Autoroute A 29) ?

Pourquoi est-il toujours aussi calme, Hollevout ?
Chaque situation anodine en apparence raconte une histoire, soulПve un problème et titille notre rОflexion. « Il y a une poésie Оnorme dans des choses très simples
», dit celui qui s’attache facilement aux logos, panneaux d’autoroutes ou aux pictogrammes des aéroports, exemples selon lui d’un « vocabulaire enfantin ». C’est avec « ce type d’images censées être assez gaies » qu’il a souvent peint la guerre ou l’actualité dure.
Un exemple : ce gobelet en plastique géant usagé dont le rebord sert de plage à un homme tout petit (La plage) : une image qui, sans doute, fait allusion à la pollution des déchets plastiques à moins que ce ne soit au rêve de vacances de l'homme buvant son café, les deux à la fois peut-Рtre ? Chacun est invité à réfléchir, à éviter de « rester avec soi, pour aller au-delà, pour rêver ».Réunissant des travaux de l’année, l’expo met aussi en avant les quelques « pièges » et « défis techniques » que Philippe s’est imposé « pour ne pas s’ennuyer », tentant de rendre compte des transparences de l’eau ou de la complexité de la forêt.
L’expo de Philippe colle bien au lieu qui l’accueille. Entre l’artiste et Lasécu, c’est une histoire qui date de l’ouverture de cet espace d’art contemporain il y a quinze ans, dans le quartier populaire de Fives, à Lille. C’est pourtant la première fois qu’il y expose. Mais pas la dernière. On l’y retrouvera en mai, avec d’autres artistes de Belgique et du nord de la France, et avec une surprise dont on se délecte par avance.
Cette expo, c’est aussi une histoire de famille, au sens large : compagne, enfant, proches et anonymes posent pour l’artiste, marchant sur une route de campagne doudou à la main, ou ce bleu de travail - toujours le même - habillant des personnes différentes. Outre ces figures familières on croise aussi le bestiaire favori de Philippe, dont le sage et patient crocodile qui l’accompagne depuis la Côte d’Ivoire de son enfance.
Pourquoi est-il toujours aussi calme, Hollevout ? Peut-être parce qu’il est très en colère. Avec son art modeste, avec son air de ne pas y toucher, Hollevout met souvent le doigt sur les dérives de notre société, le régne de la finance, la surconsommation, les atteintes à l'individu, à la nature. Nul besoin pour lui de taper comme un sourd sur ce qu'il dénonce, l'essentiel est de viser juste. Il revendique la beauté des choses, le respect des êtres, le droit de réver. La mer, les forêts, la campagne verdoyante, les enfants figurent souvent dans ses tableaux, comme autant d'appels à un retour aux sources, à un renouveau.
C'est un militant de la vie, Hollevout, et un optimiste. Cela transparaît dans ses tableaux où l'on trouve toujours beaucoup de fraîcheur, comme ses « friches » dont les maisons démolies affichent de superbes couleurs, celles des papiers peints collées aux murs des pièces éventrées. Ou comme son petit Lucien, trois ans, qui part au-devant de la vie, bonnet à étoile sur la tête, bien emmitouflé parce qu'il fait froid sur la route, le poing tendu en signe de détermination et d'espoir !

Jean-Louis SECHIK
Liberté-Hebdo du 12 au 18 janvier 2018 - Photo Alicia Mayeur 

Jusqu’au 20 janvier à Lasécu, 26 rue Bourjembois, Lille (métro Fives).
Mercredi et jeudi de 14 h И 18 h ; vendredi et samedi de 14 h И 19 h.
Rens. : lasecu.org - tél. 03.20.47.05.38

 




Laissez-nous un commentaire

Art Up!
Évènements le 08.02.2024,

Art Up!

VOIR
Performance
Évènements le 21.12.2023,

Performance

VOIR
Mini M(art)ket
Évènements le 16.12.2023,

Mini M(art)ket

VOIR
Initiation à la sérigraphie
Ateliers le 16.12.2023,

Initiation à la sérigraphie

VOIR
Voir tous les articles
En cliquant sur "Accepter", vous nous autorisez à utiliser des cookies pour réaliser des statistiques de visite.   En savoir plus