Le 26, rue Bourjembois, dans une petite rue de Lille-Fives, abrite Lasécu, un lieu chaleureux et lumineux qui accueille depuis 2001 une multitude d’artistes (graveurs, photographes, peintres, céramistes...), aussi bien en résidence, organisant des rencontres et des ateliers, que pour des expositions ponctuelles. Totalement dédié à la création contemporaine, avec une attention particulière apportée à sa démocratisation et à l’ouverture à tous les publics, c’est un lieu qu’il faut absolument connaître pour qui s’intéresse aux arts visuels sous toutes ses formes, ses influences, ses styles et ses démarches. Si l’on ajoute que l’on peut y emprunter des œuvres signées, entre autres, Ben, Jacques Villeglé, Hervé Di Rosa, Robert Combas et des artistes régionaux tels Philippe Hollevout, Chicken, Edith Henry, on peut que se laisser porter par la curiosité. C’est un lieu de découvertes, accessible à tous, où la pédagogie à l’art contemporain n’est pas rébarbative.
Depuis le 8 février et jusqu’au 25 avril, Lasécu accueille une exposition des œuvres de François Boucq. Ce dessinateur et scénariste lillois est un homme au parcours passionnant, notamment connu pour ses bandes dessinées mettant en scène les aventures délirantes de Jérôme Moucherot, agent d’assurance attifé d’un costume léopard, évoluant dans un univers de jungle et de bêtes sauvages. Il serait trop long de retracer sa carrières, qui l’a amené à travailler pour les magazines Fluides Glacial et Pilote, entre autres, mais aussi à collaborer avec Alejandro Jodorowsky ou à suivre l’affaire Carlton pour Le Monde. Majoritairement sélectionnés de son ouvrage Portrait de la France et de ses œuvres publiées sur Facebook, il propose en 99 dessins, précis, foisonnants, son regaurd acerbe sur le monde, la politique, la pauvreté et l’état de la planète. Car sa fibre écologiste est très présente dans cette exposition, puisque Boucq, sous le pseudonyme de Zorro, illustre chaque semaine les articles de Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo. Quelques dessins aquarellés montrent son talent de coloriste. Mais aussi sa maîtrise du trait, son traitement du corps et du mouvement, la composition parfaite des images, sans oublier l’acuité et l’humour qui font de François Boucq une figure incontournable de la bande dessinée réaliste, mais aussi du dessin de presse.
Découvrir Lasécu et François Boucq : voilà bien deux raisons pour ne pas rater cette exposition riche en convictions et en talents.
JPM - extrait de Liberté Hebdo du 14 au 20 février 2020