D’abord il y a eu les marques du temps et la famille, une poupée, des draps et des torchons. Toutes ces vies de femmes à des époques différentes, les grand-mères, les tantes, la mère, l’évolution peut-être, l’émancipation sûrement. Puis une génération passe et le savoir-faire avec. Et le temps toujours. Suspendues à un fil, les petites histoires et la grande Histoire s’entremêlent.
Bien sûr il y a eu des aiguilles, du sang, des sorcières, des guerres, des renardes et des machines. Mais tout n’est pas cousu de fil blanc.
C’est ainsi que mon travail forme une sorte de faille spatio-temporelle, à la croisée de plusieurs époques où les travaux d’aiguilles d’antan côtoient la broderie et la couture contemporaines, celles qui font sens et qui questionnent.
Le fil lie, tisse et dessine, il est la trame même de mon médium ; le textile. Ce matériau me permet de questionner la façon dont la sexualité et la féminité se retrouvent souvent envahies par les représentations masculines dominantes. Je m’interroge de plus en plus sur le tissu en tant que tel.
Le textile nous renvoie à l’intime, du drap dont on nous enveloppe à la naissance au linceul de la fin de vie, nous sommes liés à lui dans notre condition d’Homme. Cependant l’industrie textile nous amène dans d’autres sphères que celle du tissu/cocon. La consommation de masse fait de cette industrie une des plus polluante et celle qui exploite le plus les hommes. De la douceur de l’étoffe à la dureté de la production de ce matériau, mon travail entame un dialogue avec sa matière première. Le tissu dans les arts plastiques, bien que présent depuis longtemps (ne serait-ce que par la toile du peintre), passe toujours par un mélange des genres, une certaine hésitation.
De plus en plus l’idée de réparer le monde qui m’entoure, prend vie. Raccommoder le réel devient un leitmotiv.
Laura Gourmel
Laura GOURMEL, vit et travaille à Marcq-en-Baroeul. Plasticienne.
www.lauragourmel.com
Après des études d’arts plastiques à Nîmes et à Paris, Laura Gourmel poursuit sa pratique artistique liée au textile et questionne son environnement. De façon décalée ou poétique, elle construit une oeuvre engagée et intime qui traite de sujets divers, comme la mémoire, la violence, le statut des femmes dans la société… Son parcours lui a permis d’exposer en France, en Belgique et au Canada.
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