Notice: Undefined index: choice in /home/lasecuorpb/www/include/function.inc.php on line 293 Eric Monbel, Lasécu - Espace d'art contemporain à Lille
ExpositionTerminée
Eric Monbel
13 sept > 28 oct 03
Vernissage le vendredi 12 septembre 2003 à partir de 18h30Mon ami Eric Monbel
Une chose que je n'ai jamais comprise chez les collectionneurs d'Eric Monbel : comment peuvent-ils acheter un tableau représentant le portrait de quelqu'un qu'ils ne connaissent même pas, autant dire juste une tête ? Un début d'explication : pour nommer ce qu'il produit et vend, Eric ne dit pas “tableau”, il dit “peinture”. Pas juste un élément de mobilier, mais quelque chose de fait. A l'huile sur toile, toujours, comme ça c'est réglé. C'est fait à l'ancienne, avec la terminologie qui va avec : il a un atelier, un chevalet, une palette. Il faut s'y faire.
Quand il peint une explosion, il a peur - mais vraiment peur - d'être pris pour un peintre abstrait. Il n'est pas moderne. Il fait des morceaux de peinture, comme on dit. La bassine, par exemple, avec brillance, reflets, traces de rouille. Et tant qu'à faire, il en peint dix. Parce que ce n'est pas un exploit, c'est juste un travail. Autre exemple : la posologie “une peinture par jour pendant quinze jours”. L'élégance du processus, c'est qu'il n'engage que lui.
Comme il a assez peu d'imagination - inventer, ce serait un peu faire le malin - il fait poser des gens pour les peindre. Qu'est-ce qu'ils font là, ces gens ? Assis, ils s'ennuient. Ou alors ils dorment. Il y a une logique. Eric peint avec logique et affection. Ses amis aiment lui donner un peu de temps. On boit aussi chez lui le meilleur café : au-delà de la peinture, c'est un mode de vie qui est défendu. Qui, lui, est loin d'être ennuyeux (Eric n'est pas doué pour le malheur).
A ce propos, la référence récente à Jacob Jordaens est éclairante : de la bonne peinture, de la bonne nourriture, une excellente compagnie, l'art montre un mode de vie qui est indissociable de sa gestation. Eric a aussi le même rapport à la guerre que celui de Jordaens à la mythologie : sérieux mais flottant, un prétexte. Les choses paraissent simples, mais elles ne sont pas claires pour autant. Tant mieux pour les contradictions : quand une image peinte est évidente, elle est moins intéressante. C'est quand même au spectateur de se débrouiller.