Notice: Undefined index: choice in /home/lasecuorpb/www/include/function.inc.php on line 293 (AN)SUITE #3, Lasécu - Espace d'art contemporain à Lille
ExpositionTerminée
(AN)SUITE #3
05 nov > 26 nov 16
Vernissage le vendredi 4 novembre 2016
à partir de 18 h30 + repas after à partir de 21 h (réservation sur place).Valérie Boubert-Lefebvre (commissaire d’exposition) et Michel Poitevin (collectionneur) présentent, à Lille et sa métropole, (An)suite une sélection d’artistes des Salons de Montrouge.
Le Salon de Montrouge expose chaque année environ quatre-vingts artistes émergents. Chaque artiste sélectionné présente lors du Salon un ensemble d’œuvres permettant aux visiteurs, professionnels et grand public, d’appréhender le mieux possible son travail artistique. Le commissaire artistique du Salon assure la sélection des artistes accompagné d’un Collège Critique constitué de journalistes, de directeurs de centres d’art, de commissaires d’exposition, d’artistes ou de collectionneurs. Une fois sélectionné, l’artiste a bénéficié de l’accompagnement de l’un des membres du Collège Critique. Un jury présidé par des personnalités éminentes du milieu décerne trois prix.
EXPOSITION COLLECTIVE :
EVA BERGERA
Depuis le Salon de Montouge, les peintures d’Éva Bergera ont commencé à être remarquées, elle a rencontré un succès relatif avec des collectionneurs de l’ADIAF (Association pour la Diffusion à l’International de l’Art Français) qui ont acquis plusieurs de ses peintures et des galeries se sont intéressées à son travail. Certains collectionneurs de l’ADIAF la soutiennent depuis lors et jouent véritablement un rôle de mécène. En effet, suite au 59e Salon de Montrouge, Pierre-Antoine Baubion exposa Éva Bergera chez lui, à Courbevoie, afin de la présenter à ses amis collectionneurs. Et récemment, cet engagement envers l’artiste s’est concrétisé par la participation de Tu vas chialer ? à l’exposition ADIAF Le temps de l’audace et de l’engagement – De leur temps (5) – collections privées française à l’Institut d’Art Contemporain de Villeubanne (à voir juqu’au 8 mai 2016). En outre, Michel Poitevin soutient également Éva Bergera lors d’expositions, en acquérant certaines de ses œuvres, en écrivant les textes des catalogues ou encore en défendant l’artiste pour l’obtention d’un atelier de la ville de Paris.
Démarche artistique : La peinture est pour moi un ensemble de réflexions et d’explorations de moi-même et des structures de domination. Comment est-on infériorisé par l’ordre social ? Qu’est-ce que l’ordre social ? Qu’est-ce qu’être dominé ? Infériorisé ? Je me réfère grandement à Didier Éribon, Édouard Louis et Annie Érnaux dont la démarche consiste à partir d’un texte littéraire, qui est un récit de soi, pour déceler les structures so- ciales qui vont dominer le sujet. Mes matériaux diffèrent — je pars d’un poème, de quelques mots, d’une peinture — mais le cheminement est le même. Ces récits de moi-même mis en peinture incluent deux dimensions ; une dimension du genre (je peins en tant que femme, fille) et une dimension de classe (j’appartiens à la classe moyenne). Les peintures d’Éva Bergera sont notamment entrées dans les collections Colette et Michel Poitevin, Anne et Pierre-Antoine Baubion, FRANCÈS, Benjamain Nay, Brigitte Cadéac d’Arbaud et François Spicq, Brigitte et Luc Lapraye ou encore Raphaël Denis.
MARIE B.SCHNEIDER
Née en 1984 à Sarlat (Aquitaine, France) Vit et travaille à Pantin (Ile-de-France, France) Formation : Ecole Nationale Supérieur de la Photo d’Arles, Arles (2009 - 2012)
Elle ne sait où elle va, dit-elle. Elle se perd dans la ville, sans but, elle s’affronte aux impasses inattendues, aux escaliers absurdes, aux portes murées, sans savoir que chercher. Elle marche, et son corps et son regard semblent penser pour elle. C’est pourquoi Marie B. Schneider trouve finalement des trésors au fil de ses déambulations urbaines. Des trésors d’abstraction vernaculaire, des tableaux mis en scène par le hasard et le laisser-aller des habitants, des compositions nées, on ne sait comment. Ainsi ce portail qui semble vouloir se confondre avec la façade comme un animal en plein camouflage ; de ce rythme de briques qui jouent de nuances infimes pour lutter contre l’appel du bitume ; ou de ces palissades à la palette arcen-ciel, à peine déjoué par des graffitis effrontés de liberté. Formé à l’école de la photographie d’Arles, son œil obéit à une frontalité extrêmement rigoureuse, et sait repérer dans le monde ces détails qui font l’âme froide des villes contemporaines, tendant à la perfection en se laissant toujours dévier du droit chemin de la perfection formelle. Il se laisse tout juste attendrir par telle inclinaison légère de la rue, telle architecture roide qu’aurait pu inspirer De Stijl, ou le dialogue de deux matières. Il apparaît ainsi comme l’héritier du photographe Lewis Baltz qui sut, lui en noir et blanc, dire l’émergence des villes modernes dans la Californie des années 70, avec ce même sens de la composition. Même quand elle est virtuelle (l’artiste travaille aussi sur des captures d’écran de google maps), la ville de Marie B. Schneider est vide, désertée par ses habitants. De leur présence supposée, ne reste nulle trace, à part dans cette série que l’artiste a intitulé Salle 6, titre inspiré par une nouvelle de Tchékhov sur un asile d’aliénés. Là, quelques posters, un tableau des Le nain aux teintes passées, des antilopes, des montagnes, des médocs, ou parfois la trace blanchâtre laissée par un cadre dans la poussière des murs. Des ailleurs, tout bêtement. De ces échappées dont les villes photographiées manquent tant.
Emmanuelle Lequeux
Journaliste arts aux magazines Le Monde, Le Quotidien de l’art et Beaux Arts éditions.
2016. Texte publié dans le catalogue du 61e. Salon de Montrouge.
AURÉLIE FERRUEL & FLORENTINE GUÉDON
Née en 1988/1990 à MAMERS (Pays de la Loire, France) Vit et travaille à Suré (Basse-Normandie, France) Formation : ECOLE SUPERIEURE DES BEAUX ARTS, ANGERS (2008 - 2013)
Aurélie Ferruel et Florentine Guédon travaillent ensemble depuis 2010. Dans cette collaboration, elles partagent leurs idées, leurs lectures et leurs connaissances techniques en vue de développer exclusivement une production commune. Leurs œuvres oscillent entre sculpture, vidéo, installa - tion et performance dont l’installation n’est jamais figée. Le lieu, le contexte et l’avancée de leur réflexion influent toujours sur la forme qu’elles prennent lors de leur réinstallation. À la source de ce travail se trouve un intérêt partagé pour la tra - dition, en tant que lien générationnel, vecteur de transmission de gestes et de savoirs. Les membres de leurs familles jouent un rôle prépondérant dans leur pratique, que ce soit par la transmission de savoir-faire techniques ou en participant direc - tement à leurs performances. Leur but n’est pas de prôner la conservation des traditions, mais d’observer leurs évolutions, leurs formes, leurs réactivations voire leurs réinventions. Le groupe étant un moyen pour l’individu de se construire une identité, le travail en duo permet de forger ce désir d’appartenance et de développer une représentation du collectif à travers des objets tels que les costumes, les coiffes, les bijoux… autant d’accessoires qui se chargent d’une forte valeur cérémonielle. Outre leurs cultures familiales res - pectives, leur travail plastique intègre et mêle des codes identitaires de divers groupes tels que des tribus, des confréries locales, des cercles familiaux, que ces deux artistes observent et traversent à la manière d’anthropologues, dont elles s’appro - prient les cultes et les esthétiques pour en créer de nouveaux.
CHARLOTTE EL MOUSSAED
Née en 1987 à Paris (Ile-de-France, France) Vit et travaille à Les Lilas (Ile-de-France, France) Formation : ENSBA, PARIS (2008 - 2013)
La pratique photographique de Charlotte El Moussaed est scandée par un petit nombre de sujets qu’elle explore de manière quasi-obsessionnelle, se rangeant en cela à l’avis de l’Umberto Eco des Confessions d’un jeune romancier, qui soulignait la vertu de la «définition par liste de propriétés contre la définition par essence». De la sérialité érigée en système à la conclusion qu’il s’agirait là d’une tentative de ressaisir les apparences fluctuantes des choses et des êtres dont elle fait le portrait, il n’y a qu’un pas; un pas qu’il faut bien se garder de franchir. Car les relevés qu’elle dresse sont loin d’être linéaires: chez Charlotte El Moussaed, le relativisme est exclu ; tout ne se vaut pas, et c’est précisément ce qu’il importe de donner à voir. L’irruption de la couleur traitée en aplats, l’objet qui fait retour par l’attention portée au socle ou encore la hiérarchisation des images par la mise en relief de certaines parties au moyen du châssis creusent l’écart avec l’esthétique deadpan de l’école de Düsseldorf dont on retrouve certains échos formels. Centrale à son travail, la série Totem et tabou, présentée lors de son diplôme et qu’elle continue à augmenter aujourd’hui, précise la conception élargie du portrait qui est la sienne: à la manière de clichés d’acteurs sur fond d’incrustation sont photographiés divers objets du quotidien, qui se détachent sur un paysage projeté provenant de diapositives glanées au hasard des marchés aux puces. Une manière d’en appeler autant à l’interprétation associative libre que d’animer ces objets, loin d’être «sans qualité»[1] d’une énergie mythique: totémique, résolument.
[1] Robert Musil, L’Homme sans qualités, 1930-1932 Ingrid Luquet-Gad, 2014
ROMAIN KRONENBERG
Né en 1975 à Paris (Ile-de-France, France) Vit et travaille à Paris (Ile-de-France, France) Formation : Faculté de théologie de Genève (1994 - 1996) / Conservatoire supérieur de musique, Genève (1996 - 2000)
Dans ses projets récents, à la fois rigoureux et ambigus, Romain Kronenberg travaille sur l’idée de renouvellement (et de renaissance) qui saisit un monde en plein changement de paradigme. Il imagine des fictions où coexistent, sans manichéisme ni même rapport dialectique, des archétypes antinomiques incarnés par des territoires et des personnages.
ANNE-CHARLOTTE FINEL
Née en 1986 à Paris (Ile-de-France, France) Vit et travaille à Paris (Ile-de-France, France) Formation : ENSBA, Paris (2005 - 2010) Anne-Charlotte Finel crée des vidéos susceptibles de connaître des mues successives, voire d’être interprétées par d’autres artistes. La notion de collaboration est chez elle primordiale ; ainsi en est-il pour la composition originale des musiques accompagnant chacune de ses œuvres. Ses images, quant à elles, sont reconnaissables à leur grain puissant et aux couleurs altérées, à la limite du noir et blanc. L’artiste a en effet choisi de travailler dans un entre-deux permanent : « Je réalise mes vidéos la nuit, à l’aube, au crépuscule ou à l’heure bleue. » Une période incertaine, mystérieuse, où tout est comme en suspens. Cet entre-deux est aussi géographique, à la lisière entre ville et campagne, un paysage transitoire à arpenter du regard, et récurrent dans la pratique de l’artiste. Elle cherche à créer « des images s’éloignant d’une réalité qui serait trop crue, trop définie », des images lentes, quasi oniriques, semblables à un motif abstrait. Les êtres humains, présents de loin en loin dans ses premiers travaux, tendent à disparaître complètement ; laissant la place à la nature, avec des traces urbaines sous-entendant néanmoins leur existence. Dans ses œuvres les plus récentes, Anne-Charlotte Finel effectue des recherches sur les eaux habitées : lac artificiel, réservoir…
Elle a ainsi filmé des chutes d’eau, transformant leur mouvement vertical en une image hypnotique. Son intérêt reste vivace également pour la question de la perte des repères – elle a de cette manière suivi des chiens blancs, devenant de simples lueurs dans l’obscurité naissante du soir. Dans les deux cas, l’artiste, qui crée toujours à partir d’une vision, d’une image fugitive, nous pousse à imaginer des mondes cachés – car « l’obscurité permet de mieux voir.
Par Daria de Beauvais Anne-Charlotte Finel, extrait de la vidéo Entre chien et loup, 2015