Le ‘‘mignonisme’’, estime Philippe Katerine, n’est pas là pour faire rire — davantage pour faire sourire —, mais permet de rendre supportable le pire. Dans notre monde dur, tout peut-il être rendu mignon ? Long silence et grattage de barbe. ‘‘Je pense que tout est possible, tout est envisageable. Il suffit de changer son regard de position. C’est peut-être jouable. Même pour l’ignominie, la guerre. Oui, peut-être qu’il y a un moyen de trouver quelque chose qui permettrait d’aller vers la paix. Alors là, je suis ambitieux ! Mais j’ai dit peut-être.’’
Le créateur au cerveau bouillonnant a d’abord exposé ses bonhommes roses dans un centre commercial parisien, puis à Lyon et en Suède. Et maintenant à Montréal, une destination qui lui a tout de suite plu. ‘‘Je me suis dit que c’était une aubaine, parce que je connais un peu cette ville et je les voyais tout de suite ressortir parce qu’ils sont roses. Et à Montréal, il y a très peu de rose dans l’espace. C’est un peu gris-brun marron !’’ s’amuse-t-il.
Philippe Katerine ne détourne pas des objets ordinaires avec ces Monsieur Rose, mais il modifie quand même quelque chose en les installant dans la ville. ‘‘Ce verre sur la table, si vous le placez au milieu d’un champ de pâquerettes, ce n’est plus du tout le même verre ni le même champ de pâquerettes, illustre-t-il. Juste de déplacer un objet ou un regard permet de renouveler la vie, quoi.’’
Extraits de ‘‘Pour Philippe Katerine, il y a du mignon dans tout... peut-être’’ ledevoir.com
Philippe Papineau le 8 mai 2024 pour l’exposition à Montréal
Nés du confinement, les installations photographiées, peintures, collages et dessins composés par Philippe Katerine ont pris vie avec tout ce qu’il avait sous la main : des jouets d’enfants, des papiers découpés ou encore… de l’huile d’olive. Face à un monde qui s’essouffle et aux tragédies révélées par les épidémies et les catastrophes climatiques, l’artiste recourt à une langue poétique et à des images singulières, il érige ainsi une ode essentielle à la douceur, à la liberté et à l’imaginaire.